Hommage du CORA au recteur Pierre Macq

" Il se dégageait de sa personne un rayonnement intellectuel, moral et spirituel peu commun. "

Lors de certains décès de collègues, ou lors du terrible attentat à Louvain-en-Woluwe en 1990, Pierre Macq saisissait souvent l'assemblée d'une émotion partagée et irrépressible.

Probablement que ceci découlait du témoignage d'un homme à la fois au grand sens éthique et d'une profonde humilité.


Chères et chers Collègues,

Au nom du CORA, je voudrais rendre ici hommage à notre collègue Pierre Macq, en tant que recteur et en tant qu'homme.

En tant que recteur, Pierre Macq a initié une profonde transformation de la fonction académique. Alors qu'antérieurement, l'enseignement était seul roi, il a élevé la recherche au même rang.

Le recrutement des nouveaux professeurs a été réorganisé, pour prendre davantage en compte les critères scientifiques, s'internationaliser et résulter d'un processus vraiment collégial. Par ailleurs, la carrière académique s'est ouverte plus tôt - le recteur optant pour la suppression du transit par les fonctions de premier assistant et de chef de travaux.

Mais je voudrais surtout rendre hommage ici à l'homme Pierre Macq, avec lequel j'ai eu, en tant à l'époque que jeune président du Corps scientifique, le privilège de partager de nombreux moments uniques.

Oserais-je écrire que Pierre Macq est le seul "saint" que j'ai rencontré jusqu'ici?

Il se dégageait de sa personne un rayonnement intellectuel, moral et spirituel peu commun.

Ses discours, à la rentrée académique ou lors de la remise des doctorats honoris causa, étaient des moments d'intense rassemblement, renforcés par le ton de sa voix.

Lors de certains décès de collègues, ou lors du terrible attentat à Louvain-en-Woluwe en 1990, Pierre Macq saisissait souvent l'assemblée d'une émotion partagée et irrépressible.

Probablement que ceci découlait du témoignage d'un homme à la fois au grand sens éthique et d'une profonde humilité.

Il dut trancher le cas de plusieurs professeurs suspectés de malversations financières: il le fit avec indépendance et courage, en ligne avec ce qu'il croyait être le bien commun.

Il reçut du Roi le titre de baron, mais ne s'en glorifia ni ne s'en servit.

Il prit les dispositions pour que son fils Benoit - à qui nous présentons toutes nos condoléances très émues - ne bénéficie aucunement, que du contraire, d'un statut de "fils du recteur".

J'ai aussi vu Pierre Macq souffrir, quand ses réformes donnaient lieu en conseil académique de la part de quelques collègues, non à des contestations, mais à des prétextes pour des attaques méchantes contre sa personne.

Et il souffrit aussi d'une injuste mise en cause dans le contexte de l'instruction romaine "Donum vitae". Alors qu'il avait profondément agi pour qu'au sein de nos cliniques universitaires, les démarches scientifique et médicale intègrent en tant qu'élément central, et non périphérique, la réflexion éthique (notamment avec les comités d'éthique qu'il promut bien avant que la loi ne les prévoit, et en poussant à revoir certaines pratiques concrètes), il fut mis en cause publiquement par une tendance au sein de notre communauté universitaire, par presse interposée. Courageusement, Pierre Macq souffrit, mais assuma.

Le recteur Pierre Macq invita si souvent Notre Dame, siège de la Sagesse, à placer l'Université sous sa protection. Puisse-t-Elle aujourd'hui ne pas oublier notre collègue lui-même.

Ses funérailles auront lieu ce samedi à 10 heures en l'église Saint François à Louvain-la-Neuve.

Prof. Michel De Wolf, Président du Corps Académique de l’Université catholique de Louvain.
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