Livre digital




Comment revitaliser les livres partiellement ou totalement morts


Personnellement, j'édite, j'utilise et j'offre des livres digitaux depuis que j'ai pu digitaliser mes propres travaux et les travaux d'autres auteurs. La digitalisation a signifié pour moi une aide très importante dans mon travail de chercheur et de créateur. Sans elle, je n'aurais pas pu produire 90 % de mes livres et articles.

Mon objectif principal en digitalisant a été de pouvoir entretenir une relation interactive avec tout ce que j'écris ou je lis. La grande différence entre un texte digitalisé et un texte imprimé sur papier c'est que le premier continue à vivre tandis que le second est déjà mort.

Dans le cas où je digitalise un texte imprimé sur papier, pour le transformer en un document interactif, j'accorde beaucoup d'importance au fait qu'il puisse être traité non seulement par un programme de traitement de texte, mais aussi par un concordanceur. Le programme de traitement de texte me permettra d'intervenir à tout moment comme éditeur, tandis que le concordanceur me permettra de multiplier les types de recherche dans le texte, en fonction de mes besoins d'observation linguistique. Cette possibilité est essentielle pour effectuer des recherches sémantiques, morpho-syntactiques, pragmatiques, poétiques, rhétoriques, stylistiques, diégétiques, etc.

Je ne m'arrête pas pour le moment à expliquer l'écheveau nourri de connexions existant entre ces disciplines linguistiques. Je me contente d'ébaucher comme exemple le cas des locutions idiomatiques.

Il est impossible de comprendre la logique, l'histoire et l'usage d'une quelconque locution idiomatique sans faire appel à toutes ces disciplines. Or, les locutions idiomatiques occupent un pourcentage tellement élevé du contenu de nos dictionnaires qu'elles sont responsables du fait que beaucoup des dictionnaires existants ne sont pas bons, pour n'être pas suffisamment encyclopédiques. En tant que natifs – je me réfère au natif de chaque langue - et comme la majorité d'entre eux, nous sommes confrontés à ce manque de qualité lexicographique et lexicologique chaque fois que notre dictionnaire nous déçoit. Le même manque de qualité lexicographique et lexicologique désespère l'étranger qui consulte le même dictionnaire insuffisant, parce que sa connaissance déficiente de la culture locale ne lui permet pas de suppléer aux déficiences objectives du dictionnaire consulté.

Le problème des locutions idiomatiques est tellement important que, jusqu'à maintenant, la majorité des efforts de traduction automatique informatisée se brisent, impuissants, contre lui.

Je reviens au thème du livre digital, en utilisant la lumière projetée par mes réflexions précédentes. Mon désir est de pouvoir aider autant les concepteurs du hard et du soft du "livre-machine à lire" que les éditeurs et acheteurs de ce type de machines et des "livres-textes digitaux" qui doivent être lus par elles.

Il est très positif qu'on emploie dans la visualisation typographique du texte une technologie moins agressive que celle des écrans précédents. Cette amélioration s'obtient grâce à ce qu'on appelle "l'encre électronique".

Il est également positif que cette technologie permette une lecture compatible avec la lumière solaire. L'acheteur doit vérifier ces deux qualités avant d'acheter le "livre-machine à lire".

Il convient cependant de modérer l'enthousiasme publicitaire pour ces deux qualités comme si elles étaient exclusives des "livres-machines à lire", en rappelant à l'acheteur que, très vite, elles vont se généraliser dans tous les écrans électroniques, en commençant par ceux des ordinateurs portables.

Ce qui est négatif dans les "livres-machines à lire", c'est que l'interactivité du lecteur se réduise à l'écriture de notes très brèves en dehors du texte, sans qu'il lui soit possible ni de les insérer dans le texte lui-même, ni de leur donner le volume qu'il souhaite.

Il est également négatif que le lecteur ne dispose pas dans le "livre-machine à lire" lui-même ni de programme de traitement de texte ni de concordanceur.

Il est particulièrement regrettable que le lecteur ne puisse naviguer à grande vitesse à travers les textes qu'il lit, étant ainsi privé du contexte actuel des pluri-processeurs multifonctionnels présent dans les nouvelles générations d'ordinateurs portables, des concordanceurs de plus en plus conviviaux, comme c'est le cas dans les PDF, et des hyper-moteurs ultra rapides de recherche sur Internet, dont le prototype le plus récent est Bing.

Il est regrettable également que le lecteur ne puisse lire son livre digital en étant connecté librement et multi-fonctionnellement à la Toile, comme il le fait déjà sur son ordinateur, pour disposer, quand il en éprouve le besoin ou le désir, des informations complémentaires que demande l'interprétation correcte de tout texte, chaque fois que notre esprit critique, en secouant la passivité et le conformisme, entre en action comme c'est son droit le plus strict.

En résumé, ces défauts peuvent avoir comme résultat que la personne habituée aux commodités interactives de n'importe quel bon ordinateur considère que le "livre-machine à lire" représente pour elle une marche arrière par rapport aux avantages que son ordinateur lui assurait déjà.

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Question de vocabulaire

Quelle locution nominale est-elle préférable : "livre digital" ou "livre électronique" ?

Sémantiquement, la locution "livre digital" est hyponyme de la locution "livre électronique", ce qui signifie que leur synonymie est seulement partielle; cela veut dire que la locution "livre digital" a une plus grande compréhension et une plus petite extension que la locution "livre électronique". Ce qui implique que, en utilisant la locution "livre digital" dans le contexte de cet article, nous nous exprimons avec plus de précision que si nous utilisions la locution "livre électronique".

Néanmoins, l'usage plus large et plus ancien de la locution "livre électronique" la favorise statistiquement. Voici les résultats de nos consultations sur leur fréquence relative, effectuées le 03.06.09 à 20 h.

Moteur de recherche Google :

Résultats 1 - 10 sur un total d'environ 368.000 pages en espagnol pour "libro digital". (0,50 secondes)
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Moteur de recherche Bing :

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Sources:

Image :
EFE: "Una niña lee un cuento (en inglés) en un soporte electrónico."

Texte : Salvador GARCÍA BARDÓN : Libro digital, 04.07.09
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