Teresa Freixes : Les avantages de la voie portugaise, au Portugal « mais pas en Espagne »
Depuis Bruxelles nous partageons et appuyons l’opinion de la prestigieuse constitutionaliste Teresa Freixes, que nous remercions : « Il existe de grandes différences entre le Portugal et l’Espagne, qui ne jouent pas en faveur de la possibilité de répéter ici le succès portugais. »
| Edit. Salvador GARCÍA BARDÓN


Teresa Freixes
Les avantages de la voie portugaise au Portugal
L’accord politique qui permet au parti socialiste de gouverner avec l’appui d’autres partis de gauche, spécialement celui qui est là-bas le puissant parti communiste, de modèle classique, a convenu très bien au Portugal qui, à partir d’une importante crise politique et, surtout, économique, a pu sortir de la zone critique et se situer avec de plus en plus de puissance sur la scène internationale. N’oublions pas que peu de pays ont pu « placer », comme le Portugal, deux Présidents de la Commission européenne et un Secrétaire général des Nations Unies, en plus de nombreuses hautes fonctions dans la diplomatie internationale et européenne.
Mais il existe de grandes différences entre le Portugal et l’Espagne, qui ne jouent pas en faveur de la possibilité de répéter ici le succès portugais.
D’une part, le Chef de l’Exécutif n’appartient pas au parti vainqueur des élections, mais s’est imposé à partir d’une motion de censure (comme cela s’est passé ici avec l’actuel Président en fonction, mais au Portugal le gouvernement antérieur présidé par le parti vainqueur avait duré seulement 10 jours). N’oublions pas non plus que le Portugal est une république semi-présidentielle, avec un Président élu directement par la population, qui est actuellement social-démocrate, qui a des pouvoirs effectifs dans les matières que la Constitution lui assigne.
D’autre part, le programme de gouvernement qu’ils ont là-bas pour la durée de la législature a été conclu non seulement avec la gauche mais, pour pouvoir faire face aux exigences « de Bruxelles », c’est justement sur l’opposition parlementaire de droite qu’a dû s’appuyer le Gouvernement portugais, puisque ses « associés préférés » s’opposaient aux mesures économiques qu’il fallut prendre. Les devis aussi ont été convenus avec l’opposition conservatrice, qui s’est abstenue pour qu’ils puissent être approuvés, en se conformant aux exigences qui découlent de l’intégration dans l’UE.
En outre, le Portugal n’a pas d’autonomies qui peuvent constituer un contrepouvoir ou qui représentent une menace pour l’intégrité territoriale. De plus, ils n’en ont pas (seules les îles portugaises de la Micronésie, Madère et les Açores, ont quelques compétences propres et une assemblée élue avec des pouvoirs très limités) et ne veulent pas en avoir. Les NUTS (régions) sont là-bas des unités administratives. Lorsque, avec la perspective d’une plus grande participation aux fonds régionaux communautaires, quelques partis (socialiste et communiste principalement) évoquèrent en 1998 la possibilité de créer des régions autonomes, le referendum de réforme constitutionnelle fut largement rejeté par l’ensemble de la population.
Je ne sais pas si la « technique portugaise » serait d’application dans notre cas.
Source :Teresa Freixes: Las ventajas de la vía portuguesa, en Portugal "pero no en España"
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